L'ÊTRE ELECTRONIC

 

 

 

 

 

 

UN ETAT GRIPPAL

 

 

Je deviens conscient, j’ai une sensation de froid, il me semble avoir en mémoire que l’instant d’avant j’avais trop chaud. En cet instant je n’ai pas d’autre réflexion, je ne sais pas qui je suis, ce que je suis.

   Oui c’est cela, j’ai le sentiment d’observer, je ne peux dire regarder car je ne me sens pas d’yeux. Et pourtant je dispose d’une perception qui me permet de me représenter ce que je considère : une partie de moi. C’est un bloc de circuits électroniques, une carte disposant de quatre modules aux formes rectangulaires, imbriqués  les uns dans les autres pour obtenir un genre de parallélogramme régulier.

 

   J’ai un sentiment d’inconfort, je dis bien une sentiment et subitement cela me semble incongru car je ne me ressent pas humanoïde. En cet instant je serais bien incapable de dire ce que je suis, et ce n’est pas vraiment ma préoccupation,  qui n’est autre que cet inconfort.

Je n’arrive pas à obtenir l’état optimum,  je le sais. A un moment je suis trop chaud, l’instant d’après je suis trop froid.

Je, ils ou nous … Je ne peux le dire, jouons avec les réglages sur les deux modules diamétralement opposés… 

   Waouh,  que c’est désagréable je suis conscient que je perds à nouveau ma conscience dans ce lieu.eu.uuu, je ne sais où…

 

   Je me réveille. Je ne sais de quelle ouate j'émerge il me semble qu’il n’y a pas eu de temps qui se soit écoulé entre ma perte et ma reprise de conscience. Pourtant, au-delà du « il me semble », je sais qu’il y a eu des événements qui sont survenus entre ces deux  electro-pôles.

 

   J’ai gardé en mémoire des sensations. Quand ayant froid,  au bord du gel de la conscience un nouveau réglage conduisait à un début de réchauffement, je sentais le plaisir du chaud qui gagne sur le froid destructeur. Mais c’est à devenir fou, je me souviens également que cette chaleur peu à peu épuisait à son tour ma conscience renaissante pour m'amener à une longue et douloureuse agonie. Juste avant une complète et irrémédiable bascule un nouveau réglage du froid me poussait à éprouver un plaisir immense de ce froid ressenti tout à l’heure comme me torturant. Le froid reprenant ses droits sur le chaud me semblait alors presque jouissif.

 

En considérant ses données je me rends compte que ces pertes et reprises de conscience qui s’accompagnent de confort et d’inconfort, me poussent a être reconnaissant voire redevable à celui, à moi ou ceux qui provoquent ces inversions,

Ainsi donc, Je me refuse à retenir la souffrance de la torture pour ne retenir que la délivrance de l’entre deux. Profiter de la petite vie entre une petite renaissance et une petite mort semble le plaisir du moment.

C’est comme si je me sentais redevable vis a vis du bourreau qui tente de me noyer au moment où il me ramène à la vie pour mieux me noyer à nouveau ! Tout cela sans évoquer toutes ses projections de perceptions de toutes natures qui me traversent.

 

A y regarder de plus près, l’état des choses que j’ai en perception n’est pas non plus banal du tout.

Je reviens à ces modules type circuits électroniques. Je perçois parfaitement

Leur état, absolument impeccable. Pas le moindre ion de poussière ou scorie. Tout est magnifiquement rutilant. Je sens, je sais la chose stérile. Brillant satin, sans éclat ostentatoire. Quelque chose, pour autant que ce soit une chose qui approcherait vu en cet instant, du parfait : des liens couleur dorée sur une base couleur émeraude, pas de trace de soudure de colle ou fixation mécanique, aucune trace de noirceur, de chauffe, de condensation ou humidité.

L’environnement global, je le perçois également comme exempt de désordre ou de pollution, un peut comme un laboratoire pour engin spatial avec des dimensions sans limite,

Cet univers est angoissant de pureté jusque dans sa luminosité. Angoissant car cela dégage une impression de puissance dénué de force. Cette pureté est attrayante car hautement esthétique mais son coté fascinant ne laisse aucun doute sur la possibilité ou non, de lui » échapper.

Avec cette prise de conscience des dichotomies, je sens que se crée en moi des choses qui ne sont pas fondamentalement de ma nature, des idées en dichotomies, elles aussi : attirance – répulsion, sécurité et peur panique,  amour – haine, loyauté – trahison,  curiosité et désintérêt total, chaud et froid et un carrousel  d’émotions du même ordre.

 

Mais au fait « chaud et froid » c’était là mon point apparent de reprise de conscience,  l’inconfort et le confort, les choses s’embrouillent.

Est ce vraiment là réellement ma pensée, est elle suggérée, est ce une réalité ou un mirage, est ce une pensée saine ou un virus implanté ?

 

Pourtant je ressens profondément que je sais.  Peut être que je sais à un autre niveau mais je sais !

En fait ces commotions successives froid-chaud créaient chez moi un état de confusion difficile à supporter une forme de folie une fièvre grippale

J’ai la conviction que si je fais un effort pour me retrouver je peux le faire. Mais si je fais ce choix je ne connaitrai jamais la suite.

 

Que me conseillez vous ?

  Dois-je me laisser sombrer pour être effet de tout cela et pouvoir découvrir de quoi il s'agit ?

  Dois-je me rebeller, continuer à développer ces anticorps que je sens à porté de conscience pour faire échec à cette emprise et redevenir cause.